2ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 6 mars 2022Ensemble, laissons-nous transfigurer
à l’image du Christ
Homélie
Textes bibliques : Lire
Les textes de la Parole de Dieu de ce jour sont là pour nous aider à mieux entrer dans l’esprit du Carême. Ce n’est pas d’abord un temps de pénitence et de mortifications austères. Ce qui est premier c’est la rencontre avec Dieu. Il nous appelle tous à lui et il attend de chacun de nous une réponse libre et aimante.
C’est ce qui s’est passé avec Abraham (1ère lecture). Dieu l’a appelé à quitter son pays et sa famille. Abraham s’est mis en route. Il a fait confiance à la parole de Dieu. Vivre le Carême c’est sortir de notre petite vie tranquille, c’est nous nourrir chaque jour de l’Évangile, c’est suivre le Seigneur sur des chemins que nous n’avions pas prévus. Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu a un grand désir de nous combler de ses bénédictions.
La lettre de saint Paul à Timothée rejoint le texte de la Genèse qui vient d’être proclamé. Elle nous redit le grand projet de Dieu. Il ne souhaite rien d’autre que de déployer la bénédiction confiée à Abraham : “Notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort et en faisant resplendir la vie.” Notre mission de disciples c’est d’annoncer cette bonne nouvelle partout et à tous. Dieu nous appelle tous à être ses collaborateurs à son projet de Salut.
L’Évangile nous rapporte le récit de la Transfiguration du Seigneur. Jésus conduit trois de ses disciples sur la montagne pour leur laisser entrevoir la beauté de sa divinité. Nous nous rappelons qu’un jour, il avait dit : “Je suis la Lumière du monde.” Aujourd’hui, il laisse transparaître devant ses disciples un peu de cette lumière qui est en lui. C’est important car quelques jours plus tard, ils verront son visage défiguré. Il fallait les affermir dans la foi.
Cet Évangile de la Transfiguration nous décrit ce qui se passe le dimanche à la messe. Après six jours de travail, Jésus nous réunit et nous conduit dans un lieu “élevé”. C’est important pour nous : nous avons tous besoin de nous élever. Il ne s’agit pas pour nous de fuir le monde ou de nous évader. Si le Christ nous appelle à lui, c’est pour nous faire contempler “les choses du ciel”. Cette rencontre c’est quelque chose d’extraordinaire car elle donne une orientation nouvelle à notre vie.
Dans l’Évangile de ce jour, nous lisons que Jésus prend avec lui trois de ses disciples. En réalité, son grand désir c’est de les prendre tous. Dans l’Évangile de saint Jean, ce désir se transforme en prière : “Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée” (Jn 17. 24). C’est exactement ce qui se passe sur le mont Tabor. Et c’est aussi ce qui se passe au cours de la messe. Ce rendez-vous avec le Christ est un événement qu’il ne faut surtout pas manquer.
L’apôtre Pierre aurait aimé rester là en compagnie de Jésus, Moïse et Élie. Mais il est interrompu par la voix qui vient de la nuée : “Celui-ci est mon Fils bien aimé qui a toute ma faveur. Écoutez-le”. Cette voix s’adresse aussi à nous : Écoutez l’Évangile ; c’est la parole la plus précieuse, la plus explicite et la plus lumineuse que le Seigneur nous a donnée. Suite à cette parole, les apôtres se sont trouvés plongés dans une aventure plus sérieuse et plus profonde que ce qu’ils avaient imaginé.
Il en est de même pour nous avec l’Évangile. Si nous l’accueillons, nous seront entraînés dans une nouvelle aventure. Elle sera bien plus belle et bien plus grande que tout ce que tout ce à quoi nous pouvions nous attendre. Avec lui, notre vie peut devenir plus belle et plus lumineuse. Nous ne devons pas avoir peur. Le visage de Jésus transfigure les cœurs et le monde. Il reste avec nous tous les jours. Pour vraiment changer notre vie, c’est lui qu’il nous faut écouter. Il a vaincu la mort et a fait resplendir la vie. C’est une lumière d’amour qui illumine nos yeux. C’est aussi une lumière qui se transmet. Avec l’amour, tout grandit et se pare de couleurs.
Tout au long de ce Carême, le Seigneur nous appelle à gravir la montagne et à nous approcher de lui. Nous devons prendre au sérieux l’appel que le Père nous adresse : “Écoutez-le”. Des propositions sont faites dans les paroisses pour nous aider à être plus attentifs à la Parole de Dieu. Soyons tous unis dans une même prière : Donne-nous de contempler ton visage dans le mystère Eucharistique et de repartir le visage rempli de lumière pour éclairer les détails de notre vie. Aide-nous aussi à te découvrir dans le visage des frères et sœurs que tu mets sur notre route. Amen
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« Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. » (Lc 9:28-29) Ce n’est pas sans raison que l’Église nous propose chaque année, pendant le temps du Carême, la lecture du récit de la Transfiguration.
L’événement se situe peu après la confession de foi de Pierre à Césarée affirmant que Jésus est « Le Christ, le Messie de Dieu. » (Lc 9:20) et l’annonce de Jésus sur la fin de sa mission sur terre : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » (Lc 9:22) À cette dernière étape de sa mission, Jésus s’apprête à monter à Jérusalem. Il va prendre le chemin qui Le mènera jusqu’au Calvaire. Il a devant Lui la croix et ses douleurs. « Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Lc 12:50) Sur le mont Thabor, l’espace d’un instant, Jésus se dévoile à ses trois disciples tel qu’Il est réellement. En révélant une petite lueur de sa gloire divine, Jésus voulait avant tout prémunir ses disciples contre le scandale de la croix et empêcher qu’ils ne soient ébranlés dans leur foi lors des événements de la Passion. Il leur faut découvrir peu à peu que le Messie glorieux va d’abord être exposé à la risée du monde. Il va être humilié dans son humanité. Son visage sera défiguré par la souffrance… C’est dans cette désagrégation que les disciples vont être invités à reconnaître Celui qui est le Fils bien-aimé, celui que Dieu a choisi. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » (Lc 9:35)
Depuis toujours, Dieu se manifeste et parle à l’homme. Et ceux à qui Dieu se révèle ont profondément transformé leur vie. À travers les récits de l’Ancien Testament, la venue de Dieu est souvent accompagnée d’éclairs, de feux, de tremblements de terre… À présent, de manière beaucoup plus discrète, Dieu continue à se manifester à chacun d’entre nous. Après l’Alliance conclue avec Dieu, Abraham quittera tout pour partir à la recherche de la Terre Promise. Sur le Mont Thabor, après avoir vu ‘la gloire de Jésus’, les apôtres sont confortés dans leur foi. Plus tard, dans sa lettre aux premiers chrétiens, Pierre témoigne : « En effet, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur. » (2 Pierre 1:16) Des années après, Jésus se révèle à Paul et change complètement son existence. « Comme il était en route et approchait de Damas, soudain une lumière venant du ciel l’enveloppa de sa clarté. » (Actes des Apôtres 9:3) Saisi par la grâce, Paul nous parle d’un changement de vie : « Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » (Ph 3:13-14) Une transformation radicale. Conversion ! C’est en effet le thème principal de ce temps de Carême !
Sur le mont Thabor, comblé de bonheur, Pierre aurait bien voulu rester sur la montagne, mais le Christ l’invite à descendre dans la plaine afin de transmettre autour de lui cette énergie nouvellement reçue. Ils sont rapidement invités à retourner à la dure réalité. « En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : ‘Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.’ » (Mt 17:9) À certains moments de notre vie, nous avons eu, nous aussi, des courts instants de grâce si intenses que nous souhaitions qu’ils restent figés dans le temps. Un moment de paix et d’émerveillement ! L’instant où notre foi s’embrase, où notre cœur se dilate, où notre être s’ouvre sur une dimension qui nous dépasse. Une étincelle intérieure ! Comment lire et interpréter les signes de Dieu dans divers événements de notre vie ? Comme envers Abraham et les apôtres, Dieu nous invite à nous mettre en marche, à quitter un état confortable pour nous engager généreusement dans notre démarche de foi, à relancer notre vie intérieure. Ce dynamisme nous empêche de nous installer dans la routine des pratiques religieuses. Il nous propulse vers un nouvel horizon prometteur. Ainsi, le temps de Carême ne sera pas pour nous une brève parenthèse pénitentielle, mais bien une transformation profonde dans notre existence.
« Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus… » (Lc 9:32) Tenons-nous en éveil et Dieu se révélera à nous. Ne nous endormons pas dans la routine et les habitudes. Le temps de Carême nous invite à la vigilance et à changer notre mode vie désordonné. Saint Paul nous exhorte : « Beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne pensent qu’aux choses de la terre. » (Philippiens 3:18-19) Prenons le temps, dès à présent, de nous rapprocher de Dieu et de Lui laisser une belle place dans notre vie.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Bonjour,
Comment se fait il que les commentaires ne correspondent pas , parfois, aux textes du jour comme ce week end où l’on parle de Paul à Timothée alors qu’il s’agit de Paul aux Philippiens. Il y a eu d’autres week ens il y avait des erreurs de ce type ??
Bien fraternellement
Père Gilbert qui apprécie vos commentaires
Dans mes écrits, je prends parfois un extrait des lettres de saint Paul qui n’est pas forcément dans les textes liturgiques du jour mais qui éclaire ma pensée. Comme souvent, je cite d’autres sources qui m’aident dans mes réflexions.
Merci pour vos appréciations.
Cordialement
Jacques NGUYEN